27 janvier 2008

La marche des arbres…invention d'un paysage !

Ce dossier constitue, outre ma participation régulière et mes interventions aux réunions du PLU, un apport particulier que j'ai transmis à IciMaire et au bureau d'études. J'imagine que des contributions rédigées de cette importance furent nombreuses à leur parvenir… et c'est donc la raison pour laquelle j'imagine, jusqu'à ce jour, ce dossier est resté sans réponse à sa mesure !
Je ne peux tenir comme réponse ou marque d'intérêt ou de désapprobation d'ailleurs quelques attitudes qui relèvent plutôt du tic ! Ainsi de quelques hochements d'épaules d'IciMaire, énigmatiques mi- ironiques, mi-embarrassés - comportement que beaucoup lui connaissent ; ou encore des débuts de phrases hâtifs et sans suite, du genre "oui je vois mieux, je vais y réfléchir…" ou "je vois un truc , qui devrait…"on croit distinguer : "à la réunion de…" et puis il est parti ! Je ne parle pas du silence radio du bureau d'études - au demeurant d'une incroyable indigence - au point qu'on pourrait se demander si consigne ne lui avait pas été donné de…
Bref au jeu des "questions sans réponses" je ne sais pas jouer, et ce jeu là par contre semble être l'un des préférés d'IciMaire : "l'écoute sans l'échange" …
…De ça d'ailleurs, "ce mauvais pli", nous commençons à en parler si nous nous croisons, car moi je crois que ça se soigne, mais que c'est long et que le temps va lui manquer d'ici les élections… mais on ne sait jamais pour 2014 !
Bref on l'a compris, pour moi autant que pour l'intérêt général, j'aurais de loin préféré qu'on m'oppose un MERDE tonitruant qui eut fait que j'aurais su à quoi m'en tenir et su du même coup de manière très claire de quel bois cet être-là était fait !
Mais bien sûr pas de gros mot pour réponse, car "chez ces gens là Monsieur !…on ne jure pas , Monsieur"…on ne répond pas d'ailleurs, et a fortiori à un malotru ! Ainsi, la bien-pensance niche souvent là où on ne l'attend pas !…

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La Marche des Arbres : Invention d'un paysage !

Vu du monticule de Chomontel (doc 1), observatoire idéal de la commune de Romagnat, puisque d'ici, la vue peut couvrir à 360° son territoire, les contreforts du plateau de Gergovie, du bois des Rotis jusqu'au Puy des Goules et au-delà le puy des Rizolles d'où dégringole le ravin boisé des Vinzelles, le" paysage ressenti" (y en-a-t-il d'autres ?) apparaît comme un ensemble boisé continu constituant le cloisonnement sud auquel s'adosse le cœur du grand Clermont ( (première couronne) donnant bien ainsi et les types et la mesure des enjeux tant urbanistiques qu'environnementaux et paysagers dont il est l'objet dans un cadre géographique qui dépasse la seule commune de Romagnat. On devine aisément combien ce "dossier de verdure" est un "élément de confort"(cadre de vie) des gens qui vivent ici, et cet "adossoir du regard", un élément important de l'identité clermontoise. (cadre de vue)

Observé plus attentivement, "le paysage réel" de cet ensemble boisé apparaît avec beaucoup moins de continuité et on doit y discerner d'une part, des espaces qui ont fait l'objet d'une forestation rationnelle au XIXe siècle et depuis d'une exploitation plus ou moins régulière et d'autre part, des espaces où depuis l'abandon de l'ancienne agriculture (déprise vigneronne essentiellement) (doc 2) qui font l'objet d'une reconquête ligneuse (forestière) spontanée à partir des espèces disponibles à proximité et à grosse capacité reproductrices sur d'anciens sols travaillés, type robiniers (faux acacias) et leur cortège d'épineux (ronces,épines noires) et autres arbustes types baguenaudiers… aboutissant ainsi à la mise en place de milieux impénétrables et hostiles, à la bonne venue d'autres essences plus autochtones, plus précieuses mais moins conquérantes car plus sensibles et exigeantes (noyers, merisiers …)


Ces côtes alors qu'elles présentent désormais beaucoup d'intérêt sur le plan environnemental ne présentent pas de surcroît de grandes aptitudes à la constructibilité (de par leur topographie et leur exposition Nord). Sur ces versants, l'agriculture non plus ne reviendra pas, d'où la pertinence qu'il y aurait de mon point de vue à une mise en ordre et une valorisation de ce paysage par l'implantation rationnelle de l'arbre, en vue cette fois d'assurer un véritable continuum forestier :

c'est ce projet, qui constitue l'objet de ce dossier.

Ainsi, apparaissent, comme encore opérant, les projets initiés par ces agronomes distingués, bourgeois éclairés, (doc 3 cimetière) que furent MMr François-Henri Taché (Architecte 1er Grand prix de Rome dans la catégorie "Beaux-Arts") et Alexandre Victor Astaix (Bâtonnier, conseiller général, maire de Romagnat, distingué en 1895 par un prix national d'Agronomie) (doc 1bis) A côté de la mise en place de plus de 8 hectares de prés-vergers ces réalisations forestières datant de la deuxième moitié du XIXe siècle consistèrent donc à remembrer plus de 30 ha (dans un contexte agricole bien plus prégnant qu'aujourd'hui) et planter plus de 100 000 plants sur le Puy des Goules (ou de Clerzat) et le puy de Gergovia (dit aujourd'hui puy des Fours à Chaux).

De par la volonté de ses propriétaires, initiateurs et porteurs du projet dont il est ici question, le domaine des Fours à chaux (doc 4) dont ils ont progressivement commencé la remise en valeur depuis une dizaine d'années, pourrait servir d'exemple (expérimentation pratique) et d'outil d'entraînement pour l'ensemble du projet "d'invention d'un paysage" qui pourrait s'étendre progressivement à une centaine d'hectares dans le cadre d'une Association Syndicale de Gestion Forestière) (doc 5) qui, sans dépossession, permettrait de fédérer le plus grand nombre des propriétaires qui sont possesseurs sur ces côtes de microparcelles (parcellaire témoin de l'ancienne activité vigneronne) aujourd'hui envahies par la friche et dont ils n'ont aujourd'hui pour la plupart, plus connaissance de la situation autrement que sur leur matrice cadastrale. En tant que propriétaire forestier la commune de Romagnat voire le conseil général (à vérifier concernant ce dernier) pourraient eux aussi s'associer au projet dont la dynamique initiale pourrait être optimisée par le rapprochement des deux grandes propriétés unitaires de cette zone, celle de la famille Basse : le Puy des Goules (doc 6) d'une contenance de 17 ha et celle de la famille Quinsat-Lébre le puy des fours à Chaux d'une contenance de 15 ha. Des contacts avec l'ONF, gestionnaire de la forêt des Rizolles (doc 7) sont en cours pour voir quelle serait la pertinence et la possibilité d'un rapprochement. La DRAF-DDAF (Direction de l'agriculture et de la forêt) ainsi que le CRPF (centre régional de la propriété forestière) accompagnent eux aussi cette réflexion et contribueront à son animation le moment venu. Quant aux associations CRHP (conservatoire régional de l'habitat et du paysage) (doc 6) et Colportage (les arts du chemin et du paysage) (doc 7), elles sont parties prenantes de cette action depuis son origine. Jean-Pierre Couturié (doc 8), géologue, Luc Breuillé et Michel Astier, architectes (doc 9), tenant le rôle de conseils éclairés et amicaux.

Pour passer de cette ancienne valorisation viticole à une valorisation sylvicole, et compte tenu de la nature et de la mesure de ce parcellaire, il serait sans doute plus judicieux de parler de revalorisation par l'arbre plutôt que par la forêt. Ainsi de précieuses essences comme le noyer, (essence reine de ces lieux) (doc 10) le merisier, le frêne ou encore l'érable retrouveront ici une place et un sens en"résonance" avec la mesure des parcelles qui les porteront et la nature des propriétés (une économie à l'échelle) et l'espérance des propriétaires donc leur intérêt pour le projet.









Ainsi, à terme, peut-on imaginer que le continuum forestier qui demeure l'objectif premier se présentera, non pas comme un massif homogène et monolithique mais commeunemarqueterie végétale ex exprimant du mieux possible la diversité et la continuité garante d'un développement durable.

Aussi brèves que soient les indications concernant l'activité agronomique de MM. Astaix et Taché, contenues dans "la chronique de Jean Cohendy", (géomètre et secrétaire de mairie à Romagnat pendant 60 ans de 1873 à 1933), elles peuvent encore constituer comme un corps de doctrine (doc 11), contenant la plupart des éléments éthiques et méthodologiques sur lequel peut s'appuyer aujourd'hui ce projet. Un projet qui sait opposer à une démarche massive une action progressive et pour une part expérimentale, dans la durée la continuité et la cohérence. Un projet qui à l'habituelle "tarte à la crème" de la découverte et de l'ouverture au public, concept totalement en vacance de contenu, sait proposer une perspective pédagogique qui pourrait être qualifiée d'École de la forêt qui permettrait d'associer des générations de jeunes à la mise en place et au développement du projet. Un projet centré autour de la fonction de production (doc 12) qui doit être première pour que les autres fonctions puissent être assurées et assumées dans le cadre d'un développement à long terme en opposition à cet autre poncif de la "ludicité capricieuse". Ainsi serait une nouvelle fois apporté le témoignage qu'un projet sensible, d'inspiration et déportage civil, d'initiative particulière et citoyenne, demeure demeure largement ouvert à l'intérêt général et nourrit le bien commun contribuant ainsi au renouvellement constant et nécessaire d'une pratique humaniste.

Il a déjà été dit plus haut que le domaine des fours à chaux serait au cœur du développement de ce projet comme pôle d'excellence. Aussi pour ce faire serait-il nécessaire que, dans le cadre de la révision du POS en PLU, il puisse bénéficier d'un classement qui lui permette la réalisation en terme de construction (pour des besoins de garage, stockage, de séchage et de valorisation du bois par une petite transformation) (doc 13) et de gestion forestière (desserte pour l'essentiel), des équipements qui lui sont nécessaire. Ces travaux et aménagements devront tous répondre à des normes de qualité (doc 14).

Par ailleurs, on le devine, cet arrière-fond forestier servira bien évidemment de cadre à l'activité artistique (doc 15) qui se déroule depuis plusieurs années dans l'ancien site industriel des fours à chaux à laq à laquelle devrait se subordonner désormais une activité ethnomuséographique (doc 16).
Ces deux versants d'un projet culturel amenant un surcroît de sens et d'attractivité au projet forestier, devraient également bénéficier dans le cadre du PLU de la possibilité de doter le site des outils nécessaires à son développement (local d'accueil, espace muséographique "la maison du chaufournier", résidence d'artistes dite " le chantier"; desserte du site dite du TTPV reliant d'une part des Fours à Chaux à La Garde à l'est et au Salon des noyers à l'ouest au débouché du ravin des Goules... amorce peut-être d'un futur circuit ferroviaire du "tour de Gergovie"… d'inspiration minière (doc 17).

Dans l'esprit des lieux cette activité artistique est elle aussi centrée sur la notion de production et de travail par la réalisation de résidences d'artistes qui devront en premier lieu trouver leur expression dans l'ensemble du site (plastique, littéraire, musicale, dramaturgique, chorégraphique…) aussi bien pour la part forestière que pour la part industrielle.
L'échec selon nous de bien des propositions ethnographiques tient au fait que "lieux et matériaux" ne sont pas rechargés en sens ce qui dans notre projet est le rôle de la fonction artistique : transcender pour mieux transmettre (doc 18 texte R. Debray). Une transcendance, une transformation pas nécessairement appliquée à l'objet ethnographique mais susceptible de renouveler "l'esprit des lieux" établissant une atmosphère capable de susciter, d'accueillir de construire et conduire ce "nouveau regard" et le détourner vers une "évidente redécouverte".

L'importante activité qui s"est déroulée depuis plus de 10 ans dans ce site pour accroître sa "lisibilité " porte aujourd'hui ses fruits, le regard extérieur a changé dans bien des cas il est enfin venu à la lumière, les lieux sont redevenus objet de désir, et ainsi les conditions de l'action sont rassemblées. Agissons !


Bernard Quinsat
19 février 2006

Doc 1: Photo des Côtes vues de Chomontel : 1948 (photo Roger Bellard) 2005 (Photo de Jean Cohendy)

Doc 2 : un exemple de parcellaire autour des F à C