Laurent Bouvet |
Oui, tout à fait! J'ajouterai qu'il y a une forme d'inconscience de la part des responsables politiques, et des principaux en particulier, dans la majorité comme dans l'opposition. Ils se concentrent sur le jeu «politicien» et semblent même s'en délecter, alors que les difficultés économiques et sociales mais aussi morales qui touchent nos concitoyens s'aggravent. On constate en effet, enquête après enquête, la perte de confiance dans la politique et les politiques, et pire encore dans l'avenir du pays.
Or les discours de nombre de nos responsables politiques apparaissent comme totalement hors-sol, détachés de cette réalité à la fois matérielle et sensible. Dans la majorité, sur le mode de la méthode Coué: «tout ne va pas si mal, le redressement est engagé, etc.», dans l'opposition, sur le mode de la déploration idéologique: «la gauche ruine et détruit le pays ». C'est tellement éloigné à la fois de l'expérience des difficultés au quotidien et des grands défis auxquels nous sommes confrontés que personne ne peut plus y croire.
Les Anglais ont une formule qui résume bien le problème: «More spin than spine» que l'on peut traduire par «davantage de communication et d'apparence que de substance …
Interview de Laurent Bouvet dans Figarovox . ( extrait )
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* Jean-Pierre Le Goff : "la fin du village une histoire française"
Jean-Pierre Le Goff a fait des études de philosophie et de sociologie
à Caen et fait partie de cette génération qui s’est engagée dans le
mouvement contestataire de Mai 681. À Caen, il rencontre Alain Caillé, alors jeune maître assistant, et surtout Marcel Gauchet2 et Paul Yonnet3, avec lesquels il constitue un petit cercle d'étudiants critiques marqué à la fois par l'anarcho-situationnisme et l'enseignement de Claude Lefort2.
Il participe au mouvement étudiant de Caen qui au lendemain de mai 68,
connaît une flambée de grèves et de manifestations, puis rejoint un
groupe maoïste avant d'abandonner ses études et de partir dans la région Nord-Pas-de-Calais1. Dans son livre La gauche à l'épreuve (1968-2011), il écrit : « Pour ceux qui, comme moi, se sont engagés sans demi-mesure dans l'activisme groupusculaire de l'extrême gauche après mai 68, la fin des illusions et la critique du totalitarisme ont constitué une sérieuse leçon de réalisme et d'humilité. À l'époque, la lecture des ouvrages de Claude Lefort,
qui avait été l'un de mes professeurs à l'université, m'a beaucoup
aidé : elle m'a amené à m'interroger sur les raisons d'un aveuglement,
sur les mécanismes idéologiques et les modes de fonctionnement auxquels
j'ai moi-même participé ; elle m'a mis en garde contre ceux qui
prétendent faire advenir « le meilleur des mondes » en étant persuadés d'en détenir les clés. ».Il commence sa carrière dans le Nord-Pas-de-Calais comme formateur d’adultes en reconversion, puis, de retour à Paris, comme formateur de jeunes dans la banlieue nord. Intégré au CNAM de Paris (Conservatoire national des arts et métiers) en 1984, il a mené un travail d’enquêtes et d’études sur les évolutions du travail dans le secteur du bâtiment et de l’industrie, sur l'insertion des jeunes dans le bâtiment, les formations aux nouvelles technologies dans l'industrie, les évolutions du métier d’ingénieur et du management1.
Habilité à diriger des recherches en sociologie et qualifié au poste de professeur des universités, il est entré au CNRS en 2002. Thèmes principaux de recherche : modernisation et management ; étude des nouveaux mouvements sociaux ; évolution des idées et des mœurs dans les sociétés démocratiques. Il est notamment l'auteur d'ouvrages sur la modernisation des organisations, le management, mais aussi sur les transformations culturelles et politiques qui traversent nos sociétés, tout particulièrement Mai 68 et ses effets sociétaux4.
Il a également contribué à la revue Le Débat. Il a été membre de la Commission Sciences Humaines du Centre national du livre (CNL) de 2006 à 2008 et a participé au jury du prix Sophie Barluet qui récompense un ouvrage de sciences humaines5. Il préside le club Politique Autrement qui explore les conditions d'un renouveau de la démocratie dans les sociétés développées.
Apports
Jean-Pierre Le Goff a voulu apporter une interprétation critique des paradoxes de Mai 68, des illusions du discours managérial, du stress au travail, de la formation, et, de façon plus générale, des mutations de la société6. Son interprétation des phénomènes sociaux entend mettre en lumière les idées, les croyances, les représentations qui imprègnent plus ou moins consciemment la société et les acteurs sociaux et politiques. Dans ses écrits, les évolutions culturelles ne sont pas considérées comme une « superstructure » des réalités économiques et sociales, mais prises en compte comme ayant une consistance et une signification propres. Il veut se démarquer tout autant d'une sociologie réduite à l'expertise et à l'audit qui réduit les contenus de signification à des paramètres à prendre en considération afin de corriger les dysfonctionnements, que d'un type de « sociologie critique » qui réduit les évolutions à des phénomènes de domination, d'inégalité ou de discrimination. En dehors de ces deux grands courants, il privilégie l'étude de l'arrière-fond culturel des sociétés, qui déterminent un certain « air du temps »7. Ce dernier ne se réduit pas pour lui à des « modes », mais serait significatif de mutations plus structurelles. Sa démarche se veut une conception de la sociologie ouverte à l'anthropologie et à l'interrogation philosophique dans l'interprétation des phénomènes sociaux.Son dernier livre La fin du village. Une histoire française (éditions Gallimard 2012) se présente comme un roman sociologique et historique qui s’attache à décrire la mentalité et le style de vie des habitants d’une collectivité villageoise (Cadenet dans le département de Vaucluse) en soulignant les mutations et les bouleversements que cette collectivité a subis depuis la dernière guerre jusqu’aux années 2000.
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