Si l'exemple vient du sommet du pouvoir de l' Etât, c'est qu'il a pu s'appuyer sur des bases élargies bien au delà de ses propres zélateurs y compris à bien de ses opposants . Aussi, en ces temps où ils -et elles- sont si nombreux à croire - car sans l'esprit critique qui est ignoré voire pire réfuté et qui va avec, c'est forcément une croyance - que l'on peut connaitre sans "savoir ", que tout apprentissage se fait dans l'instant, l'image de l'honnête homme a tendance a s'estomper !
L'honnête homme dans l'acception qui doit en être faite, n'est pas le contraire de celui qui est malhonnête, ni le synonyme de l'homme instruit mais celui dont la pensée est tant le fruit d'une expérience donc d'un travail, d'une curiosité et du doute . C'est cette idée là de l'homme qui fondait ce qu'on appelait l'humanisme : on peut croire que La Cité un temps en tira profit. C'est à cet esprit là auquel se référait, je crois, hier Jean-Louis Bianco quand, à l'assemblée nationale, au cours de la séance du mardi "des questions au gouvernement" et à propos de la relance, il déclara : " je vous en conjure acceptez de dialoguer ! "…ceux qui ont le pouvoir accepteront-ils de l'entendre ?
Je publierai demain ici une lettre ouverte qui en constitue je crois une belle illustration de l'humanisme dont il est question plus haut , elle m'a été adressée par un lecteur de ce blog
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LETTRE OUVERTE de Michel Cournol .
(la légende des illustrations est au bas de la lettre )
Mes parents habitent l’allée André Guinard depuis près de 23 ans. Avant, nous ne résidions pas très loin sur la « place du sapin », je connais donc bien le quartier pour y avoir usé mes fonds de culottes, que ce soit sur la rue de la treille en vélo, au terrain de boules lors de partie de football ou sur les trottoirs de l’avenue Gergovia. Le calvaire a toujours fait partie de cet univers, on savait par les anciens que c’était un ossuaire provenant du déplacement du cimetière près de l’église et que cette parcelle avait fait l’objet d’un don .Cela fait partie du patrimoine, comme les fontaines, les lavoirs, la halle, les églises, les châteaux, un point c’est tout.
Mes grands parents, ont acheté une parcelle en décembre1939, au lieu dit l’auche ou le calvaire. Ils y cultiveront pendant trois décennies, des asperges, des pommes de terre, etc…Je me souviens aussi d’une raie de vigne et d’un cerisier. Pour y accéder, il y avait un passage de deux mètres de large environ, le long du mur du calvaire, et débouchant sur la rue de la Treille. C’était le chemin, qu’empruntait notre cheval Pompon, attelé au tombereau.
En 1973, à l’initiative de Jean Malacan, et en accord avec la CAF, le centre social voit le jour, mais avec un accès par la rue des fours à chaux. En 1974, « de nombreux usagers trouvent que le centre social est trop éloigné du centre de la commune ».
André Guinard, conseiller municipal et adjoint de 1959 à 1976, responsable du bureau d’aide social (BAS) permettra, par la mise à disposition d’un terrain lui appartenant, l’extension du centre social. Il ne sera pas le seul : mes grands parents, François et Angèle Cournol, après un échange de parcelle (superficie pour superficie), feront en plus :
- Une remise à titre gratuit « du terrain nécessaire à l’exécution d’une voie de 8 m plus un passage piétons de 1m. » (L’allée André Guinard)
- Un « versement par les époux Cournol en la caisse de Monsieur le Percepteur de Clermont-Ferrand, banlieue sud, au profit du Bureau d’Aide Sociale de Romagnat, d’une somme de 10000francs. »
Tout cela sera acté chez Maître Rejeté, à Aubière, le 6 mars 1975.
Comme le dit Bernard Quinsat, dans un article précédent :
« l'Auche est marqué par la générosité puisque le calvaire lui aussi est le fruit d'un don! »
Je me suis donc intéressé au calvaire et a l' ossuaire – dont l'existence était certifiée par la transmission orale depuis toujours- lorsque suite au conseil participatif du 17 novembre 2008, l’équipe municipale nous annonçait et écrivait qu’ « aucune trace officielle d’ossuaire n’a pu être retrouvée tant dans les archives de la préfecture que de l’évêché »…Déclaration déjà faite lors d’un conseil municipal, quelques semaines auparavant. Il y avait été joint les services de la DDE …
C’est aux archives diocésaines que commenceront mes recherches et… miracle :
Dans l’inventaire des objets laissés dans la caisse de la Fabrique* de Romagnat, dressé
le 11 décembre 1906, (côte 2F) que trouvons nous ?
« …une parcelle de terre au terroir de la Treille, d’une contenance de 3 ares et 8 centiares, pour un ossuaire et un calvaire. »
Etonnant, non ?
La suite, se résume à quelques heures passées aux Archives départementales du Puy-de-Dôme, à rechercher des actes notariés pour découvrir qu’un curé de campagne, Blaise Hardy, acheta la parcelle avec le calvaire et en fera don à la Fabrique* avec l’intention que tout demeure en place…Nous étions en 1862 et le conseil municipal de Romagnat votait le 2 mai, la somme de 2207 francs et 59 centimes pour « l’enlèvement du terrain de l’ancien cimetière, création d’une place sur cet emplacement et érection d’une croix destinée à rappeler le souvenir des missions de 1848 et 1862 et de l’existence de l’ancien cimetière » .
La loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation de l’église et de l’état donnera la possibilité à la commune de faire tomber le calvaire, dans le domaine public .
Il reste encore bien des choses à raconter et mes recherches ne sont pas terminées…Elles feront plus tard l’objet d’une plaquette, « la petite histoire du calvaire de Romagnat ».
Mais revenons à aujourd’hui : je souhaite remercier les animateurs de Blog de m’avoir accordé cet espace de liberté pour m’exprimer.je remercie également la presse qui voudra bien s'intéresser à ces informations Je veux aussi remercier bien sûr les plus de 250 personnes (et ce n’est pas fini) qui quelques soient leurs opinions politiques ou religieuses, ont signé la pétition.
De leur rencontre, je me souviendrais longtemps de certains commentaires : « Je suis socialiste et athée mais cet espace fait partie du patrimoine de Romagnat, il faut le conserver » ou un autre, d’un monsieur d’origine Portugaise : « je ne suis pas de Romagnat, je suis arrivé en 1968, mais le patrimoine, c’est important, c’est nos racines…. » Cette dernière réflexion et cette signature, ne sont elles pas le plus beau symbole d’une intégration réussie? Je veux vraiment ici remercier la communauté Portugaise de Romagnat qui s’est engagée.
D’autres nous ont fait part de leurs vives inquiétudes concernant le stationnement au regard de l’activité du centre social et de l’accès au centre bourg. (Voir les photos publiées précédemment sur les blogs). Il y a ceux qui ne comprennent pas que l’on souhaite urbaniser la commune sur près de 10 hectares (Le Prat, Condamines, Saulzet le Chaud, Clémensat) et ne pas se garder la possibilité d’une extension du centre social. L’idée de création d’une association de sauvegarde du patrimoine a été aussi évoquée : pourquoi pas ?
Pour terminer, je citerai une des premières phrases notées dans le PADD, établi en 2005, concernant la notion de développement durable
« Respecter aujourd’hui l’existant pour que demain soit harmonieux, tel est le sens du développement durable.
Michel Cournol
*Fabrique : Une Fabrique désigne un ensemble de personnes nommées officiellement pour administrer les biens d’une paroisse ou l’ensemble des biens et revenus d’une église.
Les « fabriciens » sont d’abord nommés par l’évêque et le préfet, puis sont recrutés par élection avec renouvellement par moitié tous les 3 ans. Le curé et le maire étaient membres de droit. La loi du 9 décembre 1905 supprima les Fabriques et leur substitua des « associations cultuelles »
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Légendes des illustrations, de haut en bas :
( rédigées par Bernard Quinsat )
1/ emplacement de l'ancien cimetière où furent prélevé les os et la terre pour être transféré au calvaire dont ils constituent vraisemblablement la motte . ( photo fin XIXem La halle a été construite en 1991 voir blog billet "ce qu'il advint du clos de Serre " ) . Rappel : Golgotha " le lieu du crâne" …déjà une histoire d'ossements !
2/L'Auche en 1953: le calvaire est encore tout seul au bout de ce qui reste de l' Enclos de Serre, le centre social ( 1er tranche ) sera construit sur le terrain que l'on voit en partie en haut à droite sur lequel on distingue 2 panneaux de basket . Sur ce terrain se trouvait également l'ancien moulin à chaux Rouchon construit vraisemblablement sur une parcelle de La Fabrique qui, sans doute, par la même" filiation" que le calvaire, alla en dotation au BAS, ce qui incita sans doute à construire le Centre Social sur cet emplacement . Mais était ce une bonne idée ?
3/Monsieur et Madame François et Angéle Cournol : ils sont côte à côte, de face, au premier plan, au cours d'un repas des anciens organisé par le BAS dans la salle Jacques Prévert…premier FLEP de Romagnat dont l'histoire reste à raconter !
4/ Fac-similé de la délibération du bureau du BAS du 19 février 1974 exposé des motifs ( éloignement et enclavement déjà ! ) et des modalités des échanges et transactions entre la commune et les époux Cournol .
5/…et pour ceux qui voudraient connaître "Ponpon" sur la place " du village "…un des derniers chevaux de trait de Romagnat : mémoire de la vigne !